La journée avait pourtant bien débutée. Au travail, j’avais eu ma dose de caféine matinale avant de prendre en charge le premier groupe de touristes qui venait visiter le zoo, en résumé, c’était un matin des plus normaux. Le groupe du matin avait été plutôt…enthousiasme, surtout quand nous sommes arrivés à l’enclos des girafes. J’ai eu de la difficulté à conserver mon sérieux quand Gisèle, c’est le nom de la girafe, s’est mise à lécher le visage d’un père de famille qui voulait impressionner ses enfants en nourrissant une girafe avec un morceau de salade. Je connais biens Gisèle, depuis le temps qu’elle est ici toutefois, l’envi d’avertir ce père de famille du « danger » auquel il s’exposait n’était pas présente. D'autant plus que j’ai bien fait de mettre un zip sur ma bouche, car cette scène a fait rire le groupe de touristes jusqu’aux larmes. Sacrée Gisèle, toujours là pour m’aider à remonter le moral de mes troupes. Je vois alors arriver au pas de course mon patron, il a ce faux sourire aux lèvres qui laisse transparaitre qu’il s’apprête à me demander une faveur « quoi encore…un autre stagiaire à me confier je suppose… », c’est ce que je me dis en le voyant et mon raisonnement avait vu juste! Il a une autre de ces stagiaires qui arrive cette après-midi et il souhaite que je lui fasse visiter les lieux. Pourquoi pas? J’ai même le droit à une prime sur la paye de ma semaine, alors je lui réponds positivement avec le même sourire avec lequel il m’avait abordé. Avant de partir, il me dit de le rejoindre à l’entrée du zoo pour treize heures et que le stagiaire sera vêtu de l’uniforme du  zoo. Le temps passe et finalement l’aiguille de ma montre franchit le 13h. Il y a beaucoup de monde. Mais personne qui porte le même uniforme que moi, jusqu’à ce que...les muscles de ma mâchoire se relâchent, j’ai la mâchoire au sol. Pas elle. Ô grand seigneur, faites que ça ne soit qu’un cauchemar. Je ressens soudainement une envie irrésistible de sauter dans l’enclos des lions. Me faire déchiqueter serait un bien meilleur sort que de devoir affronter…mon…ex. Ne pensant qu’à fuir, je réagis de la seule façon qui me vienne à l’esprit, je prends l’un des dépliants situé dans ma poche pour ensuite me tourner dos à Phoebe, fessant mine de chercher quelque chose sur cette carte que je connais sur le bout des doigts. Je sais.  C’est illogique, mais j’ai perdu le contrôle de moi-même. Je n’ai pas revu Pheeb’s depuis notre rupture, essayez de me comprendre un peu…J'ai la chair de poule.

"C'est pas vrai c'est une blague" C’est surtout l’intonation de la voix de Phoebe qui me donna l’impression qu’un millier de couteaux étaient en train de transpercer tout mon être. Je méritais qu’elle me déteste mais je ne supportais pas cette idée de l’avoir blessé. À ces mots j’avais détourné le regard avec un mi-sourire étampé dans mon visage. Je n’osais pas supporter son regard d’assassin avec lequel elle me dévisageait. Elle me demanda alors si j’avais besoin d’aide pour lire la carte. "Bien sûr que non! ", c’est ce que j’avais le goût de lui répondre mais  je me suis contenté de replier malhabilement la carte et de la remettre au même endroit où je l’avais pris soit, dans ma poche arrière. J’avais carrément l’impression qu’un tremblement de terre avait touché toute la Nouvelle-Zélande, toutefois je me suis vite rendu compte que c’était uniquement mon corps qui tremblait comme une feuille de chêne perdue en pleine hivers. Je pris une grande inspiration avant de me lancer « Non Namou…Um, je veux dire Phoebe, je regardais uniquement par où est-ce que nous allions commencer cette fameuse visite… » J’étais sur le point de l’appeler « Namour », c’est le surnom que je me plaisais à l’appeler lorsque nous sortions encore ensemble. C’était rendu un réflexe chez moi de la surnommer ainsi et les mots m’avaient sorti de la bouche sans même que je puisse les prédire, espérons qu’elle ne l’est pas remarqué. Déjà, je n’avais pas perdu la notion du langage, alors la situation aurait pu être bien plus dramatique. " vous êtes je ne sais combien dans le zoo et il fallait que je tombes sur toi" « Ouin…Disons que la prochaine fois je vais penser à demander à mon patron le nom du stagiaire que je dois former… » S’il vous plait, ne lui dites pas que j’ai dit ça mais...J’ai bien beau paraître distant et royalement embarrassé devant mon ex, mais il y a une partie de moi qui est heureuse de revoir ces yeux noisettes...C’est difficile d’oublier tous les bons moments que tu as passé avec une personne et d'en garder que les mauvais. « Si tu n'as pas changé, je crois me souvenir que tu aimes les dauphins et si on commençait par cet enclot? » Je me disais que les dauphins seraient un bon divertissement pour elle et que je pourrais en profiter pour reprendre pleinement le contrôle de moi-même. Sans même attendre sa réponse, je me mets à marcher à travers le zoo, supposant que Phoebe allait sagement à me suivre. Nous avions tous les deux de bonnes raisons d’êtres furieux l’un contre l’autre. D’une part, elle m’avait caché qu’elle était enceinte alors que nous étions encore en couple et moi…j’avais joué la carte du gars qui trompe sa copine.

Au lieu de trainer des résidus de vieilles gommes dans mes poches de pantalon, je devrais songer à les remplir de briques. De cette façon j’aurais pu rendre cette journée bien meilleure en lançant l’une d’elle sur mon ex. Je plaisante, je ne suis guère un meurtrier, mais je dois admettre que l’idée m’effleure l’esprit depuis quelques secondes… Ça aide à me détendre. J’avais ravalée très brusquement ma salive, quand Phoeb's m’avait surpris à prononcer le surnom que je lui avais attribué lorsque nous étions en bon terme. Oups. La première question de celle-ci, enfin, si on peut réellement appeler ça une question, concernait ma rouquine préférée…Je ne savais trop comment aborder le sujet avec elle…D’un côté, je ressentais une phénoménale envie de lui dire qu’au lit, c’est magique entre elle et moi mais en même temps…Je savais que ça allait d'avantage l’enrager pour le restant de la journée. Alors j’optai pour une autre option « Ma poulette se porte très bien. », dis-je sur un ton sans émotion qui démontrait que je me retenais pour ne pas exploser de colère. J’essaie d’agir en bon gars mais Phoebe ne me donne pas la tâche facile avec toute cette arrogance que je perçois dans sa voix « Comparativement à toi, elle ne se cache pas dans les toilettes pour vomir » Ce coup-ci, on entendait bien la frustration dans ma voix, je n’arrivais pas à faire comme si de rien n’était. Je regrettais déjà mes paroles et pourtant, la visite ne fessait que commencer. La démone enchaîna avec une remarque sur le fait qu’elle est enceinte, bien sûr que je m’en souviens! Comment serait-ce possible que j’oublie ce gigantesque détail?! J’en rêve, j’en mange et j’y pense même sur le bol de toilette! Alors non, je n’ai pas « oublié », je me satisfais donc à continuer ma marche vers l’enclos des dauphins, jusqu’à ce qu’elle se mette en travers de mon chemin « Si tu veux savoir, enfin cela m'étonnerait que ma grossesse t'intéresse, tout va bien. » Je ne veux pas qu’elle sache que je suis déjà attaché à ce gamin, cependant, mes yeux m’ont trahis et que dire de ma voix…elle sonnait bien trop émotive lorsque je sortis ce bref mot de ma bouche « Merci… ». J’avais quitté son regard, me concentrant sur l’horizon pour par la suite poursuivre mon chemin en la contournant. « Oui, les dauphins. Tsé, l’animal aquatique couleur grisâtre et qui est réputé pour être très intel… » Subitement, j’en avais marre, je désirais savoir. Depuis notre rupture j’étais effrayé de devoir lui reparler, mais à présent qu’elle est là… « Enfin Pheeb’s, expliques moi, avant que toute cette histoire avec cette fille arrive, pourquoi est-ce que tu m’as caché que tu étais enceinte?! » J’avais arrêté de marcher, me tournant vers elle le regard persistant. J'épiais tous ses faits et gestes afin de ramasser le plus d’informations possible sur cette fameuse question que je venais de prononcer à voix haute.