NOM ▽ Hawkins PRÉNOMS ▽ Aloïs, Philip SURNOM(S) ▽ Phil, Philou, Phi ÂGE ▽ 25 ans DATE DE NAISSANCE ▽ 6 septembre LIEU DE NAISSANCE ▽ Bonanza, Canada ORIGINES ▽ Canadiennes NATIONALITÉ ▽ Canadienne ORIENTATION SEXUELLE ▽ Hétérosexuel STATUT SOCIAL ▽ Assez moyen STATUT CIVIL ▽ Libertin MÉTIER ET/OU ÉTUDES ▽ Photographe AVATAR ▽ Rob Moore CRÉDITS ▽ papuche

QUALITÉS ▽ Intelligent, vif d'esprit, drôle, franc, chaleureux, protecteur, souriant, positif, courageux, généreux
DÉFAUTS ▽ Lunatique, borné, arrogant, impulsif, orgueilleux, désinvolte, maladroit, bavard, susceptible, instable

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→ en soirée, quand vous trouvez quelqu'un à votre goût, quelle est la première chose à laquelle vous pensez ?
« il est sex / elle est bonne. » « hé madame ! avec tes yeux de biche, j'ai envie de t'appeler Bambi ! » « il / elle ressemble à mon père / ma mère. »

→ votre moitié vous dit je t'aime pour la première fois, quelle est votre réaction ?
je lui montre la sortie. je me mets à pleurer et je la demande en mariage. j'explose de rire.

→ vous avez passé la nuit en très charmante compagnie et vous vous réveillez à ses côtés.
je le / la fous dehors vite fait sans même lui laisser le temps de se rhabiller. je le / la regarde dormir. après tout, il / elle est trop mignon / ne comme ça. je lui vole ses sous-vêtements pour qu'il / elle passe quelques minutes de plus avec moi.

→ vous venez de vous faire plaquer, comment réagissez-vous ?
impossible, je le fais toujours avant. je pleure toutes les larmes de mon corps. j'appelle ma mère pour lui dire de préparer ses fameux cookies "spécial chagrin".

→ pour vous, les contes de fée, ça représente quoi ?
je préfère les adaptations où le prince a piqué ses fringues à la princesse. la vie parfaite. en plus, les oiseaux font le ménage. la seule personne qui a le droit de m'en lire, c'est ma mère, avant que j'aille me coucher.

PSEUDO/PRÉNOM ▽ Papuche, pour vous servir ÂGE ▽ 20 ans ! SEXE ▽ Scrout à pétards. PLANÈTE/PAYS/RÉGION ▽ Pluton 8D LES LICORNES, TU AIMES ? ▽ Trop ! C'est super bon, avec de la moutarde. T'AS PAS ENVIE D'ÊTRE UN PANDA, TOI ? ▽ Juste si je garde mon cerveau d'humain ! Comme ça je ferais des autres pandas une armée, ET NOUS PRENDRIONS LE POUVOIR SUR LE MOOOOOOONDE ! TU NOUS AS CONNU COMMENT ? ▽ ...Je sais lus o.o (vous pouvez m'appeler Doris. Un partenaire, il me semble ! ON EST BAISABLE OU PAS ? ▽ Mais grave ! 34 fois et dans la position que vous voulez ! UNE PROPOSITION OU SUGGESTION A NOUS FAIRE ? ▽ Une proposition ? Oh, oui. Voulez-vous m'épouser ? UN DERNIER TRUC A DIRE POUR TA DÉFENSE ? ▽ Ci pas moi voutre hounneur j'vous jure !

Code:

<pris>ROB MOORE ɷ</pris> a. philip hawkins

28 Février 1994 - Bonanza, CANADA.
« Maman... Le frigo est vide, tu sais ! - Ta gueule, le mioche ! Tu vois bien que j'ai autre chose à foutre ! »

Et oui, Philip. Voilà exactement le genre de scène que tu as connu, lors de ton enfance. Et que tu as vécu plus d'une fois, bien évidemment. Tu avais à peine six ans que connaissais déjà des problèmes bien graves, problèmes que beaucoup d'autres enfants de ton âge n'envisageaient eux même pas. L'innocence de l'enfance. Jouer avec entrain dans les rues, en compagnie de tes amis. Rentrer chez toi pour recevoir tout l'amour d'une famille. Ces choses, tu savais qu'elles existaient. Mais qu'elles n'existeraient jamais, pour toi. Car toi, tu devais vivre avec elle. Avec... Cette femme.

Cette femme, c'est Babeth. Babeth Hawkins. Ta mère. Bien sûr, tu l'aimes, ta mère. Quel petit garçon n'aimerait pas sa mère ? Le seul problème, c'est que ta mère à un grave problème : L'alcoolisme. Ne supportant pas que son cher mari la quitte pour plus jeune qu'elle, quelques temps avant, elle s'est mise à la boisson. Pour ne plus en sortir. Et a cause de cela, ta mère est toujours dans un état pitoyable, n'est-ce pas, Philip ? Enfin. A cet âge là, le prénom d' « Alois » ne te gênait pas encore. Ce dégoût pour ce nom ne te viendra que bien plus tard, mais il te viendra quand même un jour, tu sais ? Enfin bon. Revenons-en au sujet principal : Ta chère mère. Son comportement avec toi était très étrange. Mais ça, tu t'en rendais compte toi même, n'est-ce pas, Philip ? Tandis qu'un instant, elle se montrait très affectueuse avec toi, se baissant à ta hauteur pour te prendre dans ses bras, te murmurer les larmes aux yeux que tu étais l'être le plus cher à son coeur... D'autre fois, elle pouvait être très violente, ou négligente. Te jetant des bouteilles de vin à la figure. T'insultant de tous les noms. Te hurler dessus que tu était comme la représentation du malheur, de la peste. Ce comportement te faisait peur, au début. Mais cela a fini par changer. Parce que petit à petit, le moindre de ses changements brutaux de comportement te rendaient totalement indifférent. Tant dans ses gestes d'amour que dans ceux de haine. Mais ça, Babeth ne le voyait pas. Car elle ne voyait rien d'autre que son chagrin, que les bouteilles qu'elle vidait pour tenter de le dissiper. Et ce chagrin, toi, tu ne le comprenais pas. Parce que tu ne savais pas. Tu n'avais jamais vraiment connu ton père, en même temps. Lorsqu'il était là, il n'était pas vraiment là. Et ta mère, elle, ne t'as jamais dis ni qui il était, ni ce qu'il avait fait. Alors évidemment, toi, du haut de tes six ans, tu ne comprenais pas. Mais c'est normal, tu sais, Philip.

Pourtant, dieu sait que tout cela t'avais rendu extrêmement plus mature que les autres enfants de ton âge. Il faut dire que tu n'allais pas à l'école. Tu ne savais ni lire, ni écrire, parce que tu ne l'avais jamais appris, mais tu savais d'ores et déjà comment faire un repas. Comment nettoyer une maison. Comment réagir lors des évanouissements de ta mère. Par contre, parce que tu ne savais pas compter, tu ne savais pas non plus aller faire les courses. Alors c'est ta mère, qui les faisait. Mais bien souvent, elle pensait bien plus à elle qu'à toi. Et même si parfois, elle pensait quand même à acheter des aliments exprès pour toi, pour te faire plaisir, ses choix n'étaient pas toujours très glorieux. Un paquet de céréales. Des briques de jus de fruits. Un seul et unique petit bonbon. Tu savais que ce n'était sûrement pas cela qui allait te nourrir. Néanmoins, devant son sourire maladroit, ses yeux rougis par les larmes, son regard plein d'espoir, tu souriais quand même. Tu la remerciais. Et elle était heureuse. Mais tu savais qu'elle ne le serait que très peu de temps, et en effet, à chaque fois, c'est ce qu'il se passait. Retournant très vite dans ces grands états de colère et de violence.

Et malgré tout cela, tu l'aimais quand même ta mère. Malgré cette vie si étrange et incertaine que tu menais, malgré tous ces gestes qu'elle avait envers toi, malgré tout... Jamais tu n'as envisagé une autre vie. Jamais tu n'as rêvé d'une autre famille, d'un autre quotidien. Car aussi étrange que cela pourrait paraître pour bien d'autres, tu appréciais ta vie actuelle. De plus, tu savais que sans toi, ta mère ne serait rien. Plus rien du tout. Et tu tenais trop à elle pour la rendre encore plus misérable qu'elle ne l'était déjà. Ainsi, jamais, ôh grand jamais tu aurais voulu que cette vie change. Et pourtant, c'est ce qu'il c'est passé. Car ce que tu ne savais pas à cette époque, Philip, c'est que même si la manière d'être de ta mère ne te dérangeait pas, aux yeux des autres, c'était différent. Très différent. Les gens voyaient d'un très mauvais oeil la manière par laquelle elle t'éduquait. Car même si tu ne t'en rendais pas compte, Philip. C'était de la maltraitance. Une maltraitance particulière, mais tout de même bien là. De la même manière que certaines femmes battues s'accrochent encore à leurs bourreaux de maris, toi, tu t'accrochais à cette femme si paradoxale qu'était ta mère. Tu t'accrochais tellement à elle, que lorsqu'on te força à la quitter, ce jour là, tout s'écroula autour de toi.

Et ce jour, aujourd'hui encore, tu t'en souviens, n'est-ce pas, Philip ? Il restera à jamais gravé dans ta mémoire, car ce jour-là marqua un tournant radical, dans ta vie. Ce jour-là, ce matin-là, alors que tu ramassais toutes les bouteilles vides qui traînaient sur le sol de votre minable petit studio, des gens se disant être de la police tambourinèrent à la porte. A côté de toi, avachie sur son canapé, Babeth émergeait à peine d'une seime-léthargie due à l'alcool. Elle avait l'air faible. Alors tu es allé ouvrir à sa place. Calmement. Et a peine as-tu ouvert cette fameuse porte, qu'une horde d'hommes se ruèrent à l'intérieur. Certains d'eux coururent alors vers ta mère. La levèrent de force. La secouèrent. Pour finalement la menotter. Autant dire que ce n'est pas une scène que tu as beaucoup appréciée, n'est-ce pas, Philip ? Et alors que tu t’apprêtais à leur crier d'arrêter, c'est vers toi, que les policiers restant se dirigèrent. T'attrapant la main, les épaules, doucement mais fermement, ils te chuchotaient que tout était fini. Mais qu'est-ce qui était fini ? Tu ne savais pas. Et cela fit monter en toi une telle rage, une telle frustration. Tu ne savais que faire. Et ta chère mère, bien trop dans les vapes pour pouvoir réagir se laissait faire. Et tu avais beau l'appeler tant que tu le pouvais, leur crier de te lâcher tant que tes poumons te permettaient, pleurer aussi fort que tes yeux l'eurent supportés, rien y faisait. Alors que tu pensais passer une journée totalement normale, voilà qu'on t'arrachait de force à ce qui était pour toi ton cocon si étrangement rassurant.

C'est ce jour-là, que ton mépris de la société vit le jour en toi.



17 Avril 1994 - Vancouver, CANADA.
« Mon petit Aloïs... Voici ta nouvelle maman ! - Crétin. Cette mocheté ne seras jamais ma mère. »

Ta nouvelle maman. Voilà de quelle manière on présenta à toi cette femme. Grande, propre sur soi, coquette, élégante, cette femme-là n'avait rien de la seule image maternelle que tu avais connue jusque-là. Et cela ne te plaisait pas. Comment pouvait-on arracher de la sorte un enfant de celle qui l'avait mis au monde, pour ensuite le refourguer dans la première famille trouvée ? Depuis que tu étais ici, dans ce foyer pour enfants maltraités, tu te sentais mal. Ta rage et ta colère te rongeaient. On t'avait offert de nouveaux habits. On t'avait offert des jouets. On t'avait préparé de délicieux repas. On t'avait même apprit à lire et à écrire. Mais tout cela ne te plaisait pas. Tu voulais retrouver ta chère et tendre mère. Tu voulais retourner au près d'elle. Tu savais que tu étais tout ce qui comptait, pour elle, alors que ferait-elle sans ta présence ? Comment pourrait-elle survivre ? C'était si injuste. Et cette femme qui te regardait avec un mélange de petite indignation et de pitié, elle ne te plaisait pas. Tu ne voulais pas partir avec elle. Pourtant, tu n'avais pas le choix, et de cela, tu en étais parfaitement conscient.

Ta « nouvelle mère » n'était pas la seule que tu n'appréciais pas. Après quelques minutes de trajet en voiture, tu te trouvais debout, main tenue de force par cette femme, face à cette maison qui dorénavant serait la tienne. Mais cette maison, tu ne l'aimais pas. Bien trop spacieuse, bien trop chaleureuse, bien trop propre... Encore une fois, elle n'avait rien du seul lieu que tu avais connu, et cela ne te plaisait pas. Car toi, la seule chose que tu voulais, c'était de retourner dans le minuscule petit studio crasseux et bordélique qui t'avais toujours servi de foyer. Tu voulais y retourner, y retrouver ta chère mère, et reprendre le cours normal de ta vie. Mais évidemment, tu savais que cela n'arriverait pas. Tu savais que tu ne reverrais sûrement jamais ni ta chère mère, ni ton cher foyer. Et en un sens, plus que pour l'apparence de cette « nouvelle mère », de cette « nouvelle maison », c'était plus parce que tu savais que la vie à laquelle tu tenais tant était finie, que tu ne les aimais pas. Tout comme tu n'aimais pas ces deux garçons et cette fille que l'on te présenta comme tes frères et soeurs. Mais le pire fut lorsqu'on te présenta à celui qui serait ton « nouveau papa ». Et d'ailleurs, celui-ci s'en rendit compte en voyant ce regard si étrange que tu lui lançais. Car pour toi, toi qui n'avait jamais connu de figure paternelle, toi qui, aussi loin que remontaient tes souvenirs, avait toujours vécu dans le triste souvenir de celui qui avait été ton géniteur, à cause de ta mère... Tu avais presque fini par considérer que ta figure paternelle était quelque chose de sacrée, à laquelle il ne fallait surtout pas toucher. Et à présent, voilà qu'on t'en imposait une toute nouvelle. Et cet homme, qui te regardait avec une sorte de mélange d’embarras et d’affection, tu ne pouvait même pas dire qu'il ne te plaisait pas. Tu avais seulement l'impression de le voir... comme un imposteur. Un imposteur qui n'avait pas le droit de prendre cette place vacante si étrangement précieuse pour toi.

A cause de cette rancœur que tu ressentais pour toutes ces personnes, tu ne fis absolument aucun effort d'intégration auprès d'eux, n'est-ce pas, Philip ? Tu ne parlais presque jamais, refusais de jouer avec les autres enfants, restais toujours seul, dans ton coin. Généralement, c'était assis au rebord de la fenêtre que tu passais le plus clair de ton temps. Tu regardais le ciel, la ville, les passants, sans bouger, des heures durant. Mais on ne t'en voulait pas pour ton comportement. On ne t'en voulait pas, non, parce qu'on te voyait comme un enfant traumatisé par ce qu'il avait vécu. Toi, bien sûr, tu détestais cette image qu'on te donnait. Parce que contrairement à ce que ces gens qui te servaient de « parents » pensaient, tu comprenais. Oui, tu comprenais que lorsqu'on te pensait traumatisé, cela voulait dire qu'on pensait que ta mère t'avais fait du mal, qu'elle t'avais en un sens marquée, et cela ne te plaisait pas. Car cela voulait dire qu'on disait indirectement du mal de ta chère mère. Mais tu savais qu'on ne tiendrait pas compte de ce que tu disais, si tu tentais de la défendre. Oh, bien sûr, tu avais déjà essayé, n'est-ce pas ? Mais presque à chaque fois, les adultes te regardaient avec cette pitié leur étant si caractéristique, et ils te plaignaient entre eux, parlant même parfois de syndrome de Stockholm. Toi, bien sur, du haut de tes six ans, tu ne savais pas ce qu'était ce fameux syndrome. Mais encore une fois, ça ne te plaisait pas. Encore une fois, tu te sentais impuissant.

Et puis, bien vite, il y avait eu l'école. Ah, l'école. Quelle amère première expérience t'a-t-elle donné, n'est-ce pas, Philip ? Il fallait dire que c'était la première fois que tu te retrouvais confronté à tant d'enfants en même temps. Oh, bien sûr, des enfants, il y en avait, dans le foyer pour enfants maltraités où tu as séjourné avant cela. Mais, ce n'était pas pareil. Là-bas, les enfants étaient tous plus ou moins comme toi. Tu ne te sentais pas bien différent d'eux, alors leur présence ne te dérangeait pas, parfois même allant jusqu'à te plaire. Mais ici. Tout ces enfants-là étaient différents. Ils ne faisaient que jouer, crier, rire, pleurer entre eux. Et ils te regardaient comme si tu étais un extraterrestre ayant débarqué juste sous leur yeux. Ils te mitraillaient de questions auxquelles tu n’aimais pas répondre. On te demandait pourquoi tu habitais avec le papa et la maman de quelqu'un d'autre. On te demandait où étaient ton papa et ta maman. On te demandait pourquoi tu n'étais jamais allé à l'école avant. Et bien d'autres interrogations, si innocentes soient-elles sorties de la bouche de ces enfants, qui ne te plaisaient pas, auxquelles tu ne répondait pas. A cause de ce mutisme, de cette mauvaise volonté, de ce manque d'envie de s'intégrer, tu as très vite fini par être exclu par ces même enfants. Mais cela ne te dérangeait pas, bien au contraire, n'est-ce pas, Philip ? Toi, l'école, tu ne voyais pas en quoi elle était utile. Tu y venais simplement par obligation. Parce que tu savais que tu n'avais pas le choix.



8 Janvier 2005 - Vancouver, CANADA.
« Aloïs ! Reste poli, veux-tu ! - Parce que t'es poli, toi, quand tu traites en salopes toutes les femmes avec qui tu baises ? »

De cette belle réplique, tu en étais très fier, sur le coup, n'est-ce pas, Philip ? Du haut de tes dix-sept ans, sourire arrogant, fier et défieur au visage, tu te délectais du choc de ta mini-révélation à peine voilée que tu venais de lancer dans l'assistance. Et ton père, ton père biologique, qui se tenait là, devant toi, était plus que mal à l'aise, ne sachant plus où se mettre, ne sachant plus qui regarder. Ton père biologique, oui, celui qui avait été pour toi source d'une sorte de fascination étrange durant ton enfance, celui que tu voyais comme l'image à laquelle il ne fallait toucher, car le seul à avoir pu rendre ta mère, ta chère mère, si heureuse et aimante, autrefois. Oui. Tu avais finis par le rencontrer. A vrai dire, c'est lui, qui est venu te chercher, lorsqu'il a appris que ta mère avait été arrêtée, mais plus de dix ans après les faits. Cette rencontre a été plus que très étrange, pour toi, n'est-ce pas, Philip ? Etrange, oui, car malgré le fait que tu avais grandi, tu n'avais, avant cela, pas pu te défaire de ce culte à la protection de l'image de cet homme. Malheureusement, et de cela, tu t'en es vite rendu compte, la vérité est souvent décevante par rapport à ce dont on s'attend...

Oui, décevante, car suite à votre rencontre, et malgré le fait que cet homme, Aloïs Senior, à tout fait pour te paraître sympathique, tout fait pour, comme tu le disais toi même te « mettre dans sa foutue poche », tu avais vu. Vu à quel point c'était un homme mauvais, vulgaire, sans scrupule et profiteur. Tu étais toujours aussi intelligent et observateur, et tu avais compris que cet homme se jouait de toutes les femmes qu'il rencontrait, ta chère mère y compris. Qu'il était sorti avec elle toutes ces années simplement pour l'avenir prometteur qu'il voyait en elle, grâce à son métier d'avocate qu'elle avait à l'époque. Malheureusement, peu après ta naissance, ta chère mère avait décider d'abandonner sa carrière, et de rester femme au foyer pour s'occuper de toi. Cela, ce fut la décision qui provoqua le départ de cet homme. Et aujourd'hui encore, il s'amusait à jouer de toutes les autres femmes qu'il rencontrait, ne voulant que leur argent, et les trompant sans scrupule plus de fois qu'on ne pourrait l'imaginer. Oui. Sans aucun doute, cet homme était abjecte. Et dès la première seconde où tu a compris cela, tu t'es mis à le détester. A le haïr aussi fort que ta fascination pour lui était grande lorsque tu étais enfant. A un tel point que tu ne voulais même plus qu'on t’appelle Aloïs, prénom que tu partageais avec lui. Eh oui, Philip, c'est à cet instant, que ton dégoût pour ton premier prénom à vu le jour. A présent, pour toi, tu était Philip. Simplement Philip. 

Ainsi, ce jour-là, alors que ton père t'avais invité chez lui, avec sa nouvelle femme, sa nouvelle victime, tu n'avais pas hésité une seule seconde à le désarçonner, à le mettre à nu devant ces gens à qui il avait osé te présenter comme « son pauvre fils disparu et kidnappé par une femme folle, violente et alcoolique ». Tu n'avais pas non plus hésité à leur raconter comment cette femme, qui ne t'avais pas du tout kidnappé, en était venue à avoir un énorme problème avec la boisson. Et tes révélations ne s'étaient pas arrêtée à la nouvelle famille de cet homme. Non. Pas une seconde tu n'avais hésité à détruire la vie de cet homme, lui qui avait détruit celle de ta mère, lui qui avait osé se porter comme une victime, lui qui avait osé essayé de te monter contre ta mère, ta chère mère de qui tu n'avais malheureusement plus aucune nouvelle. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir tout tenter pour la retrouver. Tu avais demandé à tes parents adoptifs, tu avais mis tes frères et sœurs sur le coup, tu avais demandé à tes professeurs, tes amis, s'ils avaient une idée de démarche a effectuer. Tu avais même téléphoner à ce centre ou tu avais passé quelques semaines, avant de venir ici. Mais rien. Pas une seule piste ne valant le coup d'être suivie n'avait été trouvée. Et cela, cela t'avais tellement frustré, n'est-ce pas, Philip ? Tu avais même contacté quelques prisons pour savoir si, dix ans auparavant, ils n'avaient pas « accueilli » une femme nommée Babeth Hawkins pour maltraitances. Tu avais aussi tenté de contacter quelques centres de désintoxications. Mais pour ces pistes là, à chaque fois, et même si tu disais être son fils, on te répondait que ces informations étaient confidentielles, et que, fils ou non, tu restais un adolescent, un mineur. Quelle frustration encore plus grande tu ressentais à ces moments, à te dire que ta chère mère était peut être là, en ces lieux, mais qu'on ne voulait pas te le dire, simplement à cause de ton âge qu'on jugeait trop jeune. Pourtant, tu savais que s'ils te laissaient t'écouter, ils verraient que tu es aussi mature, du haut de tes dix-sept ans, que quelqu'un de dix-neuf ans. Après tout, qu'est-ce qu'était deux petites années ? Rien, rien du tout. Mais tu n'y pouvais rien, et de cela, tu en étais malheureusement bien conscient. 

Autour de toi, personne ne comprenait pourquoi tu cherchais à retrouver cette femme si étrange qu'était Babeth Hawkins. Mais tu ne leur en voulais pas. Tu ne cherchais même pas à leur expliquer. Après tout, comment expliquer à quelqu'un ayant toujours vécu une vie calme et oisive avec des parents toujours aimant, tout cet amour si étrange mais pourtant si fort que tu ressentais pour cette femme ? Ce sentiment d'être pour elle le seul pilier à parvenir à la maintenir en notre monde ? A un point tel que ce sentiment s'était également renversé, provoquant alors pour toi aussi le besoin pur et simple de ressentir au près de toi sa présence si étrangement rassurante ? Quelqu'un qui n'avait jamais connu cela ne pouvait pas comprendre. Tu le savais. Tout comme tu savais que ceux qui disaient le pouvoir ne ressentait envers toi rien d'autre que de la pitié. Une pitié pûr et simple qui te débectait au plus haut point. Ainsi, tu ne voulais pas leur dire, leur exprimer à quel point tu avais simplement besoin de revoir cette femme, pour te sentir bien, pour te sentir pleinement vivant. Et la simple pensée, le simple envisagement qu'elle soit déjà morte te déchirait tellement le coeur que tu n'osais même pas y penser. Et tu éclatais dans de grands états de colères lorsqu'on te parlait de cette possibilité. Tout simplement parce que tu ne voulais pas y croire. Tu ne voulais pas abandonner.

Tu voulais la retrouver.



14 Aout 2013 - Christchurch, NOUVELLE-ZELANDE.
« Salut, toi, t'es sexy tu sais ? - Oui, je sais. Dommage que ça soit pas le cas de tout le monde, ici. A commencer par toi. »

Bien que cette phrase fut accompagnée par un joli sourire et un regard innocent, elle n'avait pas plu. Ainsi, cette femme, qui venait là pour t'aborder, était tellement vexée qu'elle n'avait rien trouvé à redire, te regardant avec indignation tandis que toi, Philip, tu buvais nonchalamment une gorgée de ta bière tout en la regardant de la même manière. Et puis, finalement, après plusieurs râles et onomatopées pouvant porter à penser qu'elle tentait de trouver une réplique cinglante, elle est finalement repartie, d'une démarche fière, et la tête bien trop haute si elle voulait laisser croire que cela ne l'avait pas atteint. Pendant ce temps, toi, tu ricanais, d'arrogance et de malice, toujours ta bouteille de bière à la main. Après tout, comment pouvait-elle supposer une seule seconde qu'elle allait t’intéresser ? Au premier coup d'oeil, tu avais pu voir qu'elle était bien trop pouf, catin, p*te et tout ce qui s'en suit pour toi. Et pour que toi-même tu penses cela, cette femme-là devais bien être le comble du vulgaire ! Et oui, car il faut l'avouer, Philip, bien souvent, tu as déjà passée une nuit avec une jeune femme que d'autres auraient trouvé tout aussi vulgaire que celle-ci. Mais il faut dire que, aujourd'hui, du haut de tes 24 ans, tu en as accumulé beaucoup, des conquêtes, alors évidemment, dire qu'il y a eu de tout serait un bel euphémisme. Oh, bien sûr, tu ne t'autorisais qu'une certaine tranche d'âge, te refusant de s'acoquiner avec femme trop jeune ou trop âgée. Beaucoup de tes amis ne comprenaient pas cette lubie des coucheries d'un soir, des fêtes et tout ce qui s'en suit, mais toi, toi, Philip, fidèle à toi même... Tu t'en fichais bien. Cela faisait après tout bien longtemps que tu avait commencé tout cela - près de quatre ans, et cela te plaisait bien. Oh, bien sûr, tout ce que tu faisais n'était qu'un jeu, un jeu d'un soir, où, contrairement à ton père, tu ne promettais ni engagement ni fidélité. Tu mettait même une sorte de point d'honneur à ne pas trop rouler ses filles dans la farine. A ne pas les manipuler. A ne pas leur faire croire ce qui n'arriverait jamais. Tout simplement car tu te refusais d'être comme ton père. Car tandis que ton père, ne faisait ça que par pure avidité, toi, ce n'était que par luxure, et peut-être aussi envie de s'amuser, que tu faisais cela. Et ça n'allait pas plus loin. 

C'est peu après tes vingt ans que tu as commencé tout cela. Quelques mois après avoir reçu une terrible nouvelle, après avoir apprit une horrible chose : La mort de ta chère mère. En effet, tes 19 ans arrivés tout comme ta majorité au Canada, tu t'étais empressé d'entamer les même démarches de recherches que tu avais effectué lors de tes dix-sept ans. Et cette fois-ci, parce qu'on ne pouvait plus rien te reprocher, on a accepté de tout te dévoiler, ainsi que de te fournir son dossier médical. Tu as dès lors pu voir que Babeth Hawkins, cette femme qui, d'une manière inexplicable, était pour toi quelqu'un d’extrêmement important, s'était suicidée, le 4 Octobre 1995 au soir, dans sa chambre en centre de désintoxication, en s'étouffant avec ses draps. D'après le personnel, cela faisait déjà depuis le début de son séjour que Babeth était dans un état de dépression grave, répétant sans cesse qu'elle avait besoin de son enfant, qu'il était tout pour elle et qu'elle ne pouvait vivre sans lui. Tu as donc su qu'elle s'était tuée de chagrin, tant elle ne pouvait supporter la vie sans ta présence.

Cette révélation fut un énorme choc pour toi... Et pour tes proches également, à vrai dire. Même si, eux, n'étaient pas choqués pour les mêmes raisons. Eux, tout ce qu'ils avaient pu retenir, était le fait que cette « horrible femme » comme ils ont osé la désigner devant toi, pouvait prétexter avoir besoin de son fils après tout ce qu'elle lui avait fait subir. Et encore une fois, cela ne t'avais pas plu. Mais cette fois là était différent. Bien sûr, tu savais qu'ils ne pourraient jamais comprendre ce sentiment si paradoxal qui vous liaient ta mère et toi, mélange de haine, d'indifférence, mais également d'un amour si profond, si sincère, qu'ils vous rendaient complètement dépendant l'un de l'autre, comme si l'un ne pouvait survivre sans l'autre. Mais cette fois, tu ne pouvais pas leur pardonner. Parce que ta mère était morte depuis plus d'une décennie et demi. Alors tu es entré dans un grand état de colère. Le plus grand dans lequel on t'avait vu jusque là. Et, à moitié sous le coup de l'impulsion, tu as décidé de partir. Partir du Canada. Partir loin de tout ça. Tout recommencer. Ne pas aller jusqu'à tout oublier, mais au moins vivre une autre vie. Alors tu as organisé ton départ. Et quelques mois plus tard, te voilà installé dans un studio sous-loué dans une grande ville de Nouvelle-Zeland, et inscrit dans une fac non loin. Tu allais recommencer une nouvelle vie. Et c'est à cet instant que tu as commencé à fréquenter les fêtes, et à accumuler les coups d'un soir. Bien sûr, le plaisir de draguer et tout faire pour séduire les filles qui te résistaient était là, aussi, tu ne te contentais pas que des One Night Girls. Sans t'en rendre compte, tu commençais à doucement prendre la même pente que celui que tu détestes tant... Qui sait si un jour quelque chose ou quelqu'un t'en fera prendre conscience.

Et les années ont passées. Aujourd'hui, tu es photographe pour quelques magasines, quotidiens et même quelques personnes. Tu as ton propre appartement. Et tu vies une vie sans grand soucis... Mais tu ne peux quand même pas t'empêcher de penser à tout ça, tout ce que tu as vécu, et cela, dès que tu es un peu au calme, n'est-ce-pas, Philip ?