CADEN&ELIANA † get that rhythm right.

J’étais vraiment irrécupérable, il fallait le dire. Incapable de me laisser aller dans une relation qui pourrait me convenir pour des raisons bidons, dont j’avais conscience de la nullité au moment même où je lui exposais. Peut-être qu’elle trouverait mon raisonnement plus clair si je lui avouais une bonne fois pour toutes ce qui s’était réellement passé le soir de l’accident, mais je ne m’en sentais pas le courage. C’était terriblement égoïste, mais j’avais peur de la perdre, alors je préférais être là, comme un idiot à ne pas savoir quoi dire ni quoi faire. Et elle avait raison sur tous les points, ça méritait d’être vécu. Elle méritait que je balance toutes mes cartes et que j’essaie de me laisser aller une bonne fois pour toutes à mes émotions. Il était fou comme j’avais été capable de vivre au jour le jour jusque là et que j’étais à présent face à tous ces questionnements sur l’avenir. J’avais l’impression de me renier un peu. Et dans le fond, ça me faisait du mal. Sa tête sur mon épaule m’était pourtant d’un grand réconfort, et même si cet instant était dans le fond assez désagréable, je n’avais pas envie qu’il cesse. Quand elle me dit qu’elle serait toujours là en redressant la tête, je me sentais encore plus rassuré et lui déposais un baiser sur le front. « Merci. » dis-je simplement, même si je n’en avais jamais vraiment douté. D’une certaine façon, je savais depuis quelques temps que nos destins étaient liés. Et puis, je lui en avais fait sans doute fait voir de toutes les couleurs sans le vouloir pendant ces six longues années, et pendant cette soirée alors…
Et puis, en me remémorant tous les souvenirs que j’avais avec elle, ça m’apparut enfin clairement. Si je vouais espérer consommer un jour le bonheur qu’elle semblait pouvoir m’offrir, je devais me libérer de ce qui me pesait. De ce qui m’empêchait vraiment d’être moi-même avec elle. Je m’asseyais donc sur la table basse face à elle. « Ecoute Eliana, il faut que je te dise quelque chose de très important. » je reprenais mon souffle, mon coeur battait la chamade au sein de ma poitrine et j’avais l’impression qu’elle allait exploser. « Le soir où Emrys est mort, je conduisais la voiture. » Voilà, c’était dit. J’avais réussi. J’étais alors paradoxalement le plus inquiet et le plus soulagé des hommes de cette planète. Je guettais ses réactions. « J’étais sur la route, je n’avais bu qu’un verre et ton frère était ivre, je devais le ramener chez toi. Y’a un homme qui est arrivé en face et il a dévié sur l’autre voie pour arriver à pleine vitesse face à nous. J’ai eu tellement peur que je n’ai pas eu la présence d’esprit de tourner le volant. Tout est de ma faute. Je… Je suis désolé. »

get that rhythm right.

Je savais que je lui en demandais trop mais, comment faire autrement ? Il me demandait ce que cela signifiait pour moi et je le lui expliquais donc, assez maladroitement je dois le reconnaître mais, j'avais tout de même réussi a dire ce que j'avais sur le coeur. C'était a la fois un soulagement de ne plus avoir à lui cacher le fait que depuis six longues années j'avais des vues sur lui et embarrassant parce que je savais qu'à part trouver ça touchant, il n'y allait rien avoir de plus. Je finis par baisser les bras, ce soir seulement, parce qu'il avait l'air dépité et que je n'avais pas envie de l'embêter encore et encore jusqu'à ce qu'il comprenne ce que j'essayais de lui expliquer. Posant ma tête contre son épaule en déclarant que je serais toujours présente pour lui, j'aurais voulu que cet instant dure bien plus longtemps, que le temps s'arrête pour nous laisser un moment de répit. Il ne m'avait jamais abandonné, dans les meilleurs comme dans les pires moments et je lui devais de faire pareil. Il me remercie en déposant un baiser sur mon front et je trouvais ça à la fois étrange et agréable. Je ne savais pas comment il faisait pour me parler et se comporter naturellement après tout ce qu'il venait de se passer. Soit il prenait sur lui, soit il avait vraiment un coeur de pierre et ça, j'en doutais fortement.

Je pensais qu'on en avait enfin fini avec les révélations, je trouvais qu'elles étaient déjà assez nombreuses comme ça pour ce soir voire, pour les jours à venir. Mais voilà qu'à peine quelques minutes plus tard, il se retrouvait assis en face de moi, sur la table basse, m'obligant à supporter une nouvelle fois ma tête. Je me redressais le sourire aux lèvres, pensant que le plus dur était passé et qu'il ne pouvait pas y avoir pire. J'ouvrais grand les oreilles et il eut droit a ma plus grande attention. Suite à sa première phrase, mes sourcils se froncèrent et je cherchais des réponses dans ses yeux. Je ne comprenais pas où il voulait en venir avant qu'il ne m'expliquer la soirée en détails. À ce moment, je dus ravaler ma salive et me contenir pour ne pas me mettre à vercer toutes les larmes de mon corps. "Tu veux dire que ça fait trois ans que tu gardes ça pour toi ?" Je savais que je ne pouvais pas lui en vouloir après tant d'années et puis, si Emrys aurait été derrière le volant ce soir là, ce n'était pas lui que j'aurais perdu mais bien lui et Caden. Et pourtant au fond de moi, je lui en voulais de m'avoir caché ça tant de temps alors que je m'en étais voulue. "Pendant tout ce temps je pensais que c'était de ma faute, que jamais je n'aurais dû lui laisser la voiture cette nuit là et... c'était toi qui conduisais ?" Dans ma voix, on pouvait entendre toutes les reproches que je lui faisais et ce, même si je ne le voulais pas réellement. Finalement, une larme perla le long de ma joue malgré moi et j'évitais à nouveau son regard comme j'avais pu le faire précédemment alors que je lui avais avoué mes sentiments en quelque sorte. Est-ce qu'il avait fait ça par peur ? Par regret ? Est-ce pour cette raison qu'il n'arrivait à imaginer quelque chose avec moi ? Énormément de questions se bousculaient dans ma tête mais à cet instant précis j'étais incapable d'en poser ne serait-ce qu'une seule. Il avait fait tout ce qu'il pouvait, il n'aurait pas pu le sauver, je ne lui en voulais pas pour ça mais pour m'avoir laissé croire qu'Emrys conduisait ce soir-là, pour m'avoir laissé croire que mon frère était inconscient au point de vouloir reprendre le volant après avoir bu.

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Sa réaction me surprit. Je compris que je m’étais encore planté. Non, ce qui était mal, ce n’est pas que je n’ai rien pu faire avec la voiture ce soir-là. Ce qui était mal, c’est que pendant trois ans, je m’étais tu. Je l’avais écoutée me dire qu’elle trouvait son frère inconscient, parce qu’il avait pris le volant complètement ivre, je l’avais écouté s’énerver après lui même parfois, et je n’avais rien dit. Alors que je détenais la vérité pendant tout ce temps. Et je ne pouvais pas m’expliquer mon silence, je ne pouvais absolument pas l’expliquer. Je replongeais un instant dans mes souvenirs. Ce soir-là, Emrys avait été au top de sa forme: il avait bu, avait dragué des filles par dizaines, sans se soucier des quelques râteaux qu’il essuyait à force de persévérance. J’avais ri avec lui comme peut-être jamais nous n’avions ri ensemble, et il m’avait laissé ce souvenir-là. D’un mec un peu fou, droit, plein de vie et drôle, parfois à ses dépens, mais terriblement drôle. Je me rappelais aussi que ce soir-là on avait parlé d’Eliana, il m’avait confié ses inquiétudes, à propos de sa gentillesse parfois un peu trop marquée. Et je lui ai dis: « T’inquiètes Em, je suis sur qu'elle apprendra que parfois, il faut rentrer dans le lard des gens et qu’il ne faut pas tout accepter. Et crois-moi, quelqu’un s’en chargera un jour. » Il avait acquiescé, il savait que j’avais raison mais il mourrait d’envie de la couver encore et encore. Et je me rendais compte que s’il était là, quelque part, il avait eu envie de me répéter ces paroles des milliers de fois au moins ce soir. « Oui. Je suis désolé, si tu savais Eliana. » Je lui attrapais les mains, et ma culpabilité me rongeait à nouveau. Et elle évoqua à nouveau le fait que c’était moi qui conduisais. « J’aurais dû braquer, j’aurais dû freiner, faire quelque chose. Depuis ce soir-là, j’arrête pas de me dire que je l’ai tué. »
Je soupirais. Je commençais à comprendre ce qui c’était réellement passé ce soir-là, que je n’étais peut-être pas entièrement responsable de sa mort, mais je ne pouvais m’empêcher de me sentir coupable. « C’était un de mes meilleurs amis. Ce soir-là, il avait ce sourire, cette attitude de tombeur pas si sur de lui qui me faisait mourir de rire, et il s’inquiétait pour toi. Alors je me suis dis que j’allais lui rendre honneur, que j’allais m’occuper de toi comme de ma propre petite soeur. » Je souris tendrement au souvenir de Lucy. « Et j’ai aimé ça. Vraiment. Tous ces moments qu’on a passé ensemble, c’était formidable. » Je souris de nouveau, quelques images mettant en scène Eliana me revenant en mémoire, jusqu’au baiser de ce soir. « Depuis quelques temps, je sens que c’est plus que ça. Que tu es plus qu’une petite soeur pour moi. Mais il y avait toute cette histoire de voiture, et puis Emrys, cette promesse que je me suis faite… Enfin, tu vois à quel point je suis compliqué. » Je ris un peu, et me disais qu’au moins, j’étais à peu près capable de m’expliquer. « Je suis vraiment désolé. J’aurais dû te le dire et j’aurais dû faire quelque chose ce soir-là. »

get that rhythm right.

Je m'attendais à tout sauf à ça et franchement, je ne savais pas comment prendre les choses. Je n'en voulais pas à Caden d'avoir pris le volant ce fameux soir parce qu'il avait fait ça pour protéger Emrys sans doute mais par contre, je pouvais lui en vouloir de m'avoir caché ça pendant trois longues années alors que je lui avais répété encore et encore que c'était ma faute. Tout était confus, je ne savais plus où donner de la tête. Une part de moi avait envie de le frapper sur le coup de la colère et une autre ne désirait qu'une seule chose, le prendre dans mes bras. Je réfléchis une seconde alors qu'il s'excusa une nouvelle fois. Je dégageais mes mains lorsqu'il me les prit et croisais les bras contre ma poitrine en le coupant dans ses explications. "Je pensais que t'avais assez confiance en moi pour me parler de tout ça..." Une nouvelle fois le ça refit son apparition sauf que cette fois-ci, il avait un tout autre sens. Je soupirais en écoutant tout de même ce qu'il avait à me dire, esquivant un sourire à droite et à gauche de temps en temps à l'évocation de mon frère. Il le décrivait à la perfection et le fait qu'il se soit amusé ce soir-là, ça me rassurait quelque peu. "Alors tout ce que t'as toujours fait pour moi c'était uniquement parce que tu conduisais ce soir-là ?" Non Eliana, t'as rien compris. Une nouvelle fois j'essayais de trouver une excuse pour lui en vouloir, pour être moins gentille et compréhensive sauf que je n'y arrivais pas. C'était la personnalité, je me faisais toujours avoir. J'avais également aimé tous ces moments-là et à ses côtés je me sentais heureuse et en sécurité. "Parle pas comme si tous ces moments allaient disparaître..." Soufflais-je un peu inquiète de l'image que je venais de lui donner de ces dernières années. À mes yeux, elles avaient été et resteraient tout simplement magiques. Il me faisait sourire comme personne et arrivait à me redonner le moral et à me réconforter là où tous les autres échouaient. Je ne voulais pas que tout ça se termine et puis, je lui avais être toujours présente pour lui. J'avais eu besoin de lui et peut-être que c'était à mon tour de l'aider. Je ne pus m'empêcher de rire à mon tour lorsqu'il fit remarquer qu'il était compliqué d'ailleurs, acquiesçais un geste de la tête avant d'ajouter : "Je crois que t'es la personne la plus compliquée que je connaisse !" Et puis finalement, je décroisais les bras pour prendre a mon tour sa main dans la mienne. "T'aurais rien pu faire pour lui..." C'était triste à dire mais c'était le cas et une nouvelle goutte d'eau vint se loger au creux de ma joue avant que je n'eus terminé ma phrase : "Il serait fier de toi !" Fier de ce qu'il avait accompli, fier qu'il se soit occuper de moi aussi bien que lui, fier qu'il ait enfin avouer ce qu'il s'était réellement passé. Tout comme moi, il n'y était pour rien dans l'histoire, le seul responsable était ce connard qui avait changé de voie et c'est seulement aujourd'hui que je le compris. Emrys ne s'était pas tué, on l'avait tué et j'espérais fortement que l'inconnu soit aujourd'hui dans un sale état.

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Elle ne comprenait pas que ce n’était pas une question de confiance, loin, très loin de là. J’avais juste merdé, j’avais juste pensé tout ce temps que c’était de ma faute et qu’elle ne me pardonnerait jamais. Qu’elle s’enfuirait et que je ne pourrais alors plus jamais prendre soin d’elle et faire attention à elle. Aujourd’hui, si elle refusait de me parler, je savais qu’elle s’en sortirait sans moi. La façon dont elle se tenait là devant moi m’en donnait l’entière confirmation. Je pouvais la laisser partir, il ne lui arriverait rien. Je prenais alors conscience de la force qu’elle cachait derrière sa gentillesse. Je trouvais ça formidable, et mes peurs se calmaient un peu. « C’est pas du tout une question de confiance Eliana. » dis-je, un brin déçu qu’elle retire ses mains des miennes de façon aussi brutale, croisant alors les bras en signe de repliement. J’étais déçu mais je ne pouvais que comprendre son attitude.
Non, non, merde Eliana. Ce n’était pas juste parce que je conduisais ce soir-là. Peut-être que c’était mieux qu’elle voit les choses comme ça. Mais ça bouillonnait en moi, j’étais presque en colère face à une telle accusation. « Je te permets pas de dire ça. » sifflais-je entre mes dents. Elle pouvait m’en vouloir mais elle n’avait pas le droit de croire ça, pas après tout ce que je lui avais dit ce soir. Ces moments n’allaient pas disparaitre, du moins, si elle ne décidait le contraire, ils seraient toujours là. J’avais la désagréable sensation d’être en sursis et j’attendais patiemment ce qu’elle avait à me dire.
J’étais soulagé de la faire rire. Ça détendait quelque peu l’atmosphère pesante qu’il y avait dans cette pièce jusque là. Je souriais donc, encore d’avantage, lorsqu’elle attrapa ma main, oubliant presque qu’elle avait évoqué le fait que j’étais avec elle pour de mauvaises raisons. Elle me dit que je n’aurais rien pu faire pour lui et une larme glissa sur sa joue, j’approchais ma main pour la lui essuyer avec douceur. « Je ne sais pas. Et je ne sais pas s’il est fier de moi. Mais il est fier de toi, ça c’est sur. Regarde-toi, t’es la petite soeur que tout les grands frères rêvent d’avoir. » Je souris légèrement et me levais pour aller lui rechercher un verre d’eau. Je le lui tendis. « Ça va aller? » l’interrogeais-je. « Je crois qu’on ferait mieux d’aller se coucher, on a tous les deux besoin d’une bonne nuit de sommeil… »

get that rhythm right.

J’étais peut-être méchante. C’est vrai, je cherchais des raisons d’en vouloir à Caden alors que dans le fond, je savais qu’il n’avait rien à voir avec cet accident du moins, que ce n’était pas de sa faute si Emrys avait perdu la vie cette nuit-là. Il devait assez s’en vouloir, je n’avais pas besoin d’en rajouter une couche avec mes accusations en tout genre. Je m’étais longtemps sentie coupable et à de nombreuses reprises j’en avais parlé à Caden, jamais il n’avait réussi à m’avouer que c’était lui qui était derrière le volant jusqu’à aujourd’hui alors oui, j’étais un peu énervée et les pics que je lui lançais n’avaient pas l’air de lui faire plaisir. Je n’avais pas envie de dire tout ça, j’étais beaucoup trop gentille pour agir de cette façon et pourtant, la colère prenait le dessus et c’est seulement après avoir croisé les bras que j’essayais de me mettre à sa place. Ce soir, il m’avait fait tant de révélations que mon cerveau ne suivait plus mais, si j’écoutais mon cœur, je savais parfaitement comment agir avec lui alors, c’est ce que j’essayais de faire.

Même dans les pires moments, il arrivait à me redonner le sourire et c’est l’une des raisons pour lesquelles je l’appréciais tant. J’attrapais à mon tour sa main, d’un air compréhensif et aussi pour me faire pardonner d’avoir été une vraie garce avec lui. Il ne méritait pas tout ça, pas après tout ce qu’il avait fait pour moi durant ces trois longues années et ce qu’il faisait toujours. Sa remarque me fit sourire. J’étais loin d’être parfaite, j’avais fait beaucoup d’erreurs mais quand j’étais avec Caden, je me sentais bien, je me sentais moi, j’oubliais tous mes problèmes et il avait le don de me rendre unique, en quelque sorte.

Alors qu’il partait en direction de la cuisine, j’essayais de me remettre de mes émotions. Après tout, ça ne changeait pas grand-chose. Emrys me manquait toujours autant et Caden restait toujours aussi important à mes yeux même si je ne le comprenais pas toujours. Je le remercie et bus une gorgée d’eau avant de lui répondre. « Ça va aller merci. Et toi ? Je suis désolée de t’avoir dit des trucs horribles, je les pensais pas… » A croire que j’enchaînais gaffe sur gaffe, j’aurais peut-être mieux fait de rester chez moi ce soir. Je n’eus pas besoin de réfléchir bien longtemps, c’était beaucoup trop en quelques heures et c’est vrai que dormir un peu, ça nous ferait pas de mal. « Je crois que t’as raison ! »

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Je lui pardonnais, évidemment. Comment lui résister de toutes façons? Comment surtout aller contre quoi j’avais envie, mettre cela derrière moi, derrière nous et avancer enfin? Je souriais. J’espérais qu’elle me pardonnait aussi. Pour Emrys, pour ces six années où je n’avais rien vu, et pour ce soir aussi. En bref, pour chaque fois où j’avais agi comme un idiot, et mon dieu que la liste était longue. « Oui, je crois que ça va aller.» dis-je. En fait, on aurait même pu dire que tout allait pour le mieux, je m’étais enfin libéré de ce poids qui me pesait depuis trois ans, et ça ne c’était pas si mal passé que ça. De plus, j’avais appris qu’Eliana craquait sur moi depuis sa plus tendre adolescence, et je trouvais cela extraordinairement adorable. Il semblait n’y avoir aucune ombre au tableau, mais cette nuit de sommeil nous était sans doute réellement nécessaire à tous les deux. « Allez viens je vais te montrer mon lit » lui dis-je en ouvrant mon bras en direction de ma chambre. Je me dirigeais vers la porte alors qu’elle était sur mes talons. « Voilà votre suite mademoiselle! » plaisantais-je. Je déposais un baiser sur son front, passant ma main dans ses cheveux et lui dis: « Bonne nuit, on se voit demain à ton réveil. » Je repartis en direction du salon et fermais la porte derrière moi.
Une fois allongé dans mon canapé, je repassais en revue le déroulement de cette soirée riche en émotions. J’avais l’impression d’avoir vécu en quelques heures une année entière. Je ris à la pensée qu’au tout départ, nous nous étions simplement croisés par hasard dans cette boîte de nuit. Comme quoi, le destin nous jouait parfois des sacrés tours. Je ne savais pas trop où nous allions, je supposais qu’elle avait besoin de temps et de recul pour digérer tout ça, comme j’en avais besoin. J’aimais ma vie comme elle était faite, j’aime cette inconstance, ce bouquet de sentiments et d’émotions que je vivais à deux cent pour-cent en permanence. Mais je crois que je l’appréciais elle aussi. Finalement, je finis par fermer les yeux et me laisser porter par le sommeil.

get that rhythm right.

Je crois, je suppose, je pense. Je crois que lui comme moi étions totalement blasés à cette heure-ci. Il n’était pourtant pas si tard mais, la soirée avait été riche en émotions et nous avions tous deux besoin de nous reposer et réfléchir à tout ce qui s’était passé. Habituellement, j’aurais tout donné pour rester en sa compagnie encore un peu mais là, je ne pouvais faire autrement que d’approuver sa proposition. Le fait de dévoiler mes sentiments au grand jour, de parler d’Emrys, de l’accident, de me repasser en boucle tous les moments que j’avais vécu avec Caden ou encore avec mon frère, toutes ces choses m’avaient épuisé et j’avais besoin de temps pour tout remettre en place et reprendre le contrôle. Le contrôle, c’est ça que je devais retrouver. J’avais besoin de garder le contrôle sur ma vie, sur mes émotions, sur ce que je ressentais, sur absolument tout parce que contrôler les choses, c’était la base à mes yeux. J’étais comme ça et je crois que rien ni personne n’arriverait à me faire changer. Alors qu’il était spontané, je réfléchissais avant d’agir et c’est sans doute la chose qui faisait peur. Je ne faisais rien par hasard ou du moins, je n’avais rien fait par hasard jusqu’à ce soir.

Je le suivais alors qu’il me présenta sa chambre autrement dit ma suite. Je lui adressais un large sourire en précisant : « C’est parfait mais tu sais, le canapé m’aurait suffi… » C’est vrai, je pouvais me contenter de peu mais bon, comme je savais qu’il allait insister, je repris rapidement : « Enfin, je dis ça, je dis rien. » Il déposa un baiser sur le haut de mon front et je ne pus m’empêcher de sourire de plus belle. « Bonne nuit, à demain ! » Il ferma la porte derrière lui et je soupirais une fois seule puis souris, assez fière de moi. J’avais réussi. J’avais réussi à prendre sur moi et à dire ce que je pensais depuis des années. Ouais, c’était un exploit parce que j’étais du genre à vouloir faire plaisir aux gens et dès que je n’étais pas certaine que ça les arranger, je me taisais. Après avoir descendue la fermeture de ma robe qui m’empêchait de respirer comme je le voulais, je me laissais tomber sur le lit et réfléchis. Je réfléchis encore et encore à ce que je devais faire. Il ne me verrait plus jamais comme avant et je dois dire que c’était plutôt flippant. J’attrapais mon portable et envoyer un message à Niko pour qu’il ne s’inquiète pas pour moi bien que dans le fond, je savais qu’il s’en foutait pas mal. D’ailleurs, c’était assez étrange de dormir chez un mec sans qu’il ne se passe rien et surtout seule, je me demandais ce qu’il allait penser de ça.

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Je me réveillais lentement, ouvrant mes yeux et tentant de m'habituer à la lumière qui envahissait mon salon à travers les stores. J'étais encore dans un état second. Ce moment du réveil où vous n'avez pas encore conscience qu'une nouvelle journée commence, vous n'avez pas non plus conscience des enjeux que vous a laissés la veille au soir. Vous vous sentez juste vides, encore un peu dans vos rêves. Parfois, ça dure quelques minutes, parfois juste quelques secondes. Et on profite rarement de cet état bien longtemps. Ce matin-là, quand je me rappelais soudainement les évènements de la veille alors qu'ils se remettaient en ordre dans ma tête, je me dis que c'était un de ses réveils où j'aurais aimé prolongé l'inconscience encore un peu. Ça n'avait pas été de tout repos, et je me sentais encore plus fatigué que lorsque j'étais allé me coucher. Cependant, je savais que la lumière m'empêcherait de replonger dans mes songes. Je décidais donc de prendre mon courage à deux mains et de sortir du lit tant qu'il était encore temps: si j'attendais trop longtemps, j'allais forcément le regretter et passer la journée bougon sous la couette, refusant d'affronter la réalité qui était bel et bien présente. Néanmoins, l'idée de la présence d'Eliana derrière la porte que je pouvais apercevoir me comblait d'une joie indescriptible. J'étais heureux qu'elle ait décidé de passer la nuit ici, et je me rendais compte que j'avais plus d'une fois espérer ce genre de réveil sans jamais me l'avouer. Je décidais donc de m'habiller rapidement pour descendre à la boulangerie en bas de la rue et préparer un petit déjeuner digne de ce nom.
Dans les escaliers, je me dis que la situation était tout de même étrange et inédite: d'aussi loin que je ne me souvenais, le dernier petit déjeuner que j'avais préparé pour une fille remontait à des années, et il ne me serait pas venu à l'idée de le faire pour une fille pour laquelle je dormais sur le canapé. Je souris à cette pensée. Nous nous plaisions et cette soirée nous en avait donné la confirmation, et pourtant, je m'étais contenter de lui déposer un baiser sur le front et de la laisser seule dans mon lit. Oui, c'était vraiment inédit, on pouvait le dire.
Je remontais dans mon appartement avec mon sachet de croissants, préparais deux verres de jus d'orange et me mis en tête d'aller réveiller Eliana. Je poussais discrètement la porte, priant pour qu'elle soit bel et bien sous la couverture et dans une tenue décente. Je m'asseyais sur le bord du lit et me penchais sur elle: "Eliana, le petit déjeuner est servi."

get that rhythm right.

Le moins que l'on puisse dire c'est que j'ai eu du mal à m'endormir. Je n'arrêtais pas de penser à ce que j'avais avoué à Caden et à ce qu'il m'avait répondu. Il avait eu envie de m'embrasser, l'avait fait puis, une nouvelle fois avant de refuser de recommencé. Il m'avait parlé de l'accident et je crois bien que j'allais avoir besoin de temps pour le digérer bien que je ne lui en voulais pas. Finalement c'est sur une note positive que je fermais les yeux pour me laisser gagner par le sommeil. Emrys serait sans doute fière de moi, de ce que je suis devenue et aussi de Caden pour avoir dit la vérité, pour avoir pris soin de moi et aussi parce qu'il était comme à son habitude fidèle à lui-même.

Plongée dans un profond sommeil j'avais eu énormément de mal à ouvrir les yeux et lorsque ce fut le cas, je les refermais aussitôt pour les ouvrir de nouveau, me demandant si c'était bel et bien la réalité et non un rêve. Apparemment non. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres alors que je murmurais : "Salut." Salut tout simplement parce que ses paroles arrivèrent seulement maintenant à mon cerveau. Je me redressais en me mordant la lèvre, gênée de lui donner tant de travail. "Petit-déjeuner ? Je crois qu'en vingt ans on m'a jamais préparé de petit-déjeuner." J'esquivais un nouveau sourire face à l'étrangeté de la situation dans laquelle nous nous trouvions. Déjà, il avait dû dormir sur le canapé et ensuite, il me préparait un petit-déjeuner ? Je trouvais ça vraiment adorable comme attention. La plupart du temps, quand je me retrouve chez un mec, on passe la nuit ensemble et au petit matin, je pars discrètement comme si rien ne c'était passé. À croire qu'il tenait vraiment à moi. "T'as bien dormi j'espère ?" Bah oui, c'est pas comme si il avait fait une longue nuit dans son lit, le canapé devait être beaucoup moins confortable. Je me levais et me rendis compte que j'avais descendu la fermeture de ma robe sauf que c'était vraiment galère a remettre -voilà pourquoi j'arrivais pas à respirer là-dedans-. "Est-ce que tu pourrais m'aider s'il te plaît ?" Il devait pas être habitué à ce qu'on lui demande ce genre de choses, je suis sûre qu'il était plus doué pour les enlever... mais j'avais vraiment envie de penser à ça maintenant.

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Les yeux encore mi-clos, elle me lança un petit sourire endormi qui vous aurait attendri la personne la plus ronchonne de cette planète. Je souris à mon tour. Elle me lança un petit salut, j'avais l'impression d'être plongé au milieu d'un mauvais film. Mais ici, dans la vraie vie, ça sonnait parfaitement juste et je la regardais avec tendresse. "Il faut un début à tout!" dis-je "A vrai dire, en vingt-deux, j'ai pas préparé beaucoup de petit déjeuner non plus!" continuais-je en riant. J'étais cependant content de pouvoir lui faire plaisir. Déjà ces trois derniers années, quand je me retrouvais avec elle, parfois, j'avais l'impression d'être quelqu'un d'autre, d'être totalement différent. Et même si ça n'était presque jamais arrivé, j'étais prêt à tout laisser tomber, à n'importe quelle heure de la journée ou de la nuit, pour aller lui apporter le réconfort ou l'aide dont elle avait besoin. Jamais ça ne m'était arrivé. Pas même avec mon amoureuse du lycée Diskie, qui de toutes façons, souffrait juste pour se rendre intéressante aux yeux des gens qui l'entouraient. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. "Super bien! La lumière du jour m'a réveillé mais je suis en pleine forme! Et toi?" m'inquiétais-je. Après tout, elle n'avait pas dormi chez elle dans son lit, et n'avait pas ingurgité de l'alcool comme je l'avais fait, ce qui m'avait évidemment aidé à trouver le sommeil assez rapidement.
Quand elle se leva et me demanda de remonter la fermeture de sa robe, je manquais de piquer un fard mais tentais de me contenir. Ce n'était quand même pas la première fois que je voyais la chute de rein d'une femme. Il fallait que je me contienne. J'acquiesçais donc d'un petit signe de tête et posais mes doigts sur la robe afin de la refermer. Ce fut à la fois très court et à la fois très long, je tentais de penser à autre chose, me disant quand même que j'aurais préféré lui ôter. "Voilà, c'est fait!" dis-je fièrement lorsqu'elle fut à nouveau vêtue. Je souriais, lui attrapais la main et l'entraînais dans le salon. Dans cette atmosphère avec ce lit à côté, je n'allais pas parvenir à me retenir bien longtemps et j'avais peur de la brusquer. Je m'asseyais d'un côté du bar de ma cuisine et lui présentais l'autre chaise. Servant croissants et jus d'orange. Une fois qu'on fut tous deux servis, je dis, avec un petite sourire: "Sacrée soirée hein?"

get that rhythm right.

Je ne m’attendais pas à ce que Caden vienne me réveiller en me précisant que le petit-déjeuner était prêt. Au fond, je pensais même m’éclipser en douce, en lui laissant un petit mot histoire qu’il ne s’inquiète. Mais voilà, j’avais eu un peu de mal à m’endormir et une fois que le sommeil avait eu raison de mon cerveau, je pouvais dormir pendant plusieurs heures sans même m’en rendre compte. Je ne savais pas quelle heure il était et, ça n’avait que très peu d’importance parce que j’étais avec Caden. Quand il était à mes côtés, j’avais envie que le temps s’arrête, plus rien n’avait de réelle importance. Il me précisa que c’était une des rares fois en vingt-deux ans qu’il avait préparé un petit-déjeuner et ça me fit sourire. Au moins, on était d’accord sur une chose. Finalement, je me redressais, en lui demandant s’il avait bien dormi et je me sentis un peu coupable de lui avoir emprunté son lit même s’il disait se sentir en pleine forme. « Plutôt bien oui ! » C’est vrai que je n’avais pas à me plaindre, si on oubliait le fait que j’ai réfléchi pendant de longues minutes avant de trouver le sommeil.

Je me levais sans grande difficulté avant de me rappeler que j’avais descendu la fermeture de ma robe pour pouvoir respirer. J’essayais donc de la remonter mais, c’était beaucoup plus simple à dire qu’à faire du coup, je demandais de l’aide à Caden et il accepta. J’aurais préféré me débrouiller toute seule mais, si c’était pour galérer pendant deux heures, ce n’était même pas la peine d’y penser. « Merci beaucoup. » murmurais-je un petit peu gênée je dois bien le reconnaître. Après tout ce qui c’était passé hier, j’avais surement besoin d’un peu plus de temps pour faire comme si rien ne s’était passé et encore, si j’y arrivais un jour.

Il me prit la main pour m’entrainer dans la cuisine, me tirant de mes pensées par la même occasion, ce qui n’était pas plus mal. Je pris place en face de lui, acquiesçant d’un geste de la tête. « Je te le fais pas dire ! » Je préférais en rire parce que je ne savais pas vraiment comment réagir et si je ne le faisais pas, j’allais me mettre à rougir, honteuse d’avoir avoué mes sentiments à celui que avait toujours été comme un frère. J’attrapais un croissant et coupa un morceau à l’aide de mes doigts avant de le manger. « Je pensais vraiment que t’allais oublier tout ce qu’on s’était dit. Je savais pas que tu tenais aussi bien l’alcool ! » Une nouvelle fois je me mis à rire. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre.

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C'était de ces matins un peu étranges. J'avais rarement connu un réveil pareil, mais bizarrement, il me semblait clair que je pourrais très vite m'y habituer. Elle me remercia pour sa robe après m'avoir confirmé qu'elle avait passé une bonne nuit. Je me demandais si elle avait autant réfléchi que moi, et ce qu'elle tirait de cette soirée à présent. Je ne savais pas trop comment agir. D'un côté, je mourrais d'envie de l'embrasser et de me lancer enfin avec elle, de partager tous les moments qu'on partage normalement quand on est deux, être ensemble somme toute. Mais j'arrivais encore à douter de ce qu'elle voulait, de ce qu'elle attendait de moi. Pourtant, nous en avions parlé hier soir, beaucoup. Mais je savais qu'à une certaine heure de la nuit, on disait parfois des choses qu'on regrettait le lendemain, parce que ces lendemains, on a l'impression qu'ils n'existeront jamais. Et puis c'était ridicule. C'était ridicule de l'embrasser là maintenant, alors que je l'avais quittée dans ma chambre la veille avec un baiser sur le front. Si elle avait attendu d'avantage de moi, elle devait peut-être être déçue, je sondais longuement son regard, mais rien ne m'apparut clairement. Je soupirais légèrement, alors que nous étions installés autour de la table.
Elle avait aussi trouvé cette soirée mouvementée, ce qui ne m'étonnait pas du tout. Elle m'avait avoué ses sentiments, sentiments qu'elle gardait en elle depuis toutes ces années. Peut-être que je me devais de revenir là-dessus. Peut-être. Je souris à sa remarque sur l'alcool. "On me le dis souvent." répliquais-je en riant. "A vrai dire, tu m'as reconnecté avec la réalité à plusieurs reprises, merci pour ça." Et je me rappelais de ces baisers passionnés, de ces discussions à coeur ouvert, c'était cela vivre l'instant en fait, c'était vraiment cela, juste ne pas avoir peur. Je bus une gorgée de jus d'orange. "Oh, je n'ai pas mis de café, tu en veux un?" lui proposais-je. Je venais de me souvenir simultanément que j'avais un devoir énorme à rendre à mon professeur d'économie pour le lendemain. Ça m'arrivait souvent, et je n'étais efficace que dans l'urgence. Mais je devais bien avoué que cette fois-ci, j'aurais préféré m'y être pris largement à l'avance. Je fis une moue désespéré et voyant le regard interrogateur d'Eliana je dis dans un demi sourire: "Juste un fichu devoir d'éco sur lequel je vais devoir plancher cette après-midi et une bonne partie de la nuit." J'aurais préféré passer la journée, rien qu'autour de cette table, à détailler son visage et à discuter de la pluie et du beau temps avec elle, mais je gardais ce détail pour moi. "Que dirais-tu de faire quelque chose ensemble disons... Vendredi soir?" demandais-je, attentif à sa réponse. Et puis j'ajoutais, avec un clin d'oeil: "C'est un rendez-vous!"

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Je n’avais jamais vécu un matin comme celui-ci et contre toute attente, ça ne me déplaisait pas plus que ça. J’étais encore un peu perdue et Caden devait l’être d’avantage après que je lui ai révélé mes sentiments qui dataient de plusieurs années maintenant. Nous avions surement besoin de temps mais il est vrai qu’à de nombreuses reprises, j’avais envie de prendre à nouveau possession de ses lèvres et lui redire ces choses que je lui avais avouées hier. Oui, c’était vraiment bizarre et lorsqu’il me dit que je l’avais reconnecté à la réalité plusieurs fois dans la soirée, je ne savais pas trop comment le prendre ou du moins, comment j’avais réussi à faire cela. Surement grâce à mes révélations en tout genre. Bref, je me contentais donc d’un simple : « Oh t’en fais pas pour ça ! » Puis après avoir pris un nouveau morceau de croissant, il fit allusion au café et je ne pus m’empêcher de sourire. Là, je retrouvais le Caden habituel, celui qui s’inquiétait de savoir si j’avais tout ce qu’il fallait ou encore comment j’allais. « Non merci ça va aller ! » Je ne pus faire autrement que rire avant de prendre une gorgée de jus d’orange alors qu’il semblait complètement à l’ouest. Je le fixais donc en me demandant à quoi il pensait et puis, il m’apprit qu’il avait un devoir d’économie à rendre pour demain. Je n’étais pas une pro en la matière mais, le peu de devoir que j’avais dû faire avait été en partie réussi du coup, je me permis de lui proposer : « Je pourrais peut-être t’aider enfin, si tu veux ! » Et puis, je me rendis compte que j’étais peut-être un peu en train de m’importer et qu’il avait surement besoin de temps pour lui au lieu de m’avoir toujours dans les pattes. Je m’empressais donc de rattraper le coup : « Ou alors je te laisse tranquille hein. » Je lui accordais un large sourire avant de terminer mon verre de jus d’orange, prête à m’étouffer avec la dernière gorgée lorsqu’il me parla de rendez-vous. Je me mis à tousser avant de m'éclaircir la voix et de demander : « Un rendez-vous ? Un rendez-vous comme… Un rendez-vous ? » Quelle logique ! Non mais c’est vrai que j’avais l’habitude de sortir avec Caden, il faut dire que depuis la mort d’Emrys, il me trainait partout avec lui comme le faisait mon frère à l’époque or, jamais j’avais considéré ces sorties comme des rendez-vous. Qu’il m’en propose un vrai, c’était à la fois étrange, angoissant et juste parfait parce qu’il est vrai que j’en avais rêvé une paire de fois. « Ouais pourquoi pas ! » Finis-je par conclure en gardant le sourire. Je ne savais pas vraiment ce que ça signifiait pour lui ou si mes paroles d’hier soir avaient été efficaces mais, je ne pouvais que me réjouir.

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Elle refusa poliment mon café mais j'en fis tout de même couler un pour moi: si je devais tenir toute la journée avec ce fichu devoir, il avait me falloir quelque chose pour me booster, et le café semblait être la solution la plus saine qui s'offrait à moi. Elle me proposa son aide pour mon devoir d'économie, mais je ne savais pas si je devais accepter ou refuser cordialement. En vérité, je ne savais même pas si j'avais besoin d'être seul. Bien sur, je n'avais rien contre le fait qu'elle reste encore un peu plus avec moi, mais quand je bossais, j'étais imbuvable. Je me plongeais dans mes livres et si quelqu'un avait le malheur de m'interrompre je l'envoyais bouler avec plus ou moins de tact. Souvent moins, il fallait l'avouer. "Si tu veux me voir sous tension, tu peux m'aider!" dis-je en souriant. "Je suis un vrai calvaire quand je m'attelle à ce genre de choses." J'avais longtemps détester les études, le fait d'avoir des contraintes, d'être jugé sur des exercices idiots. Mes professeurs ne m'avaient d'ailleurs jamais trop appréciés. Maintenant, en sciences politiques, c'était quand même différent: déjà je l'avais choisi, donc j'estimais que je n'avais pas spécialement à me plaindre, et ensuite, ça m'intéressait plutôt. Ce qui changeait considérablement la donne, il fallait l'avouer.
Elle se mit à tousser lorsque j'évoquais le rendez-vous et je lui lançais un petit regard inquiet. Quand je compris ce qui la perturbait, je ne pus m'empêcher de rire: "Oui, un rendez-vous comme un rendez-vous!" Il était vrai que c'était étrange, parce que des "rendez-vous" finalement, on en avait eu des tas, je l'avais amenée au cinéma, manger un bout, marcher au parc, ... Mais cette fois-ci, c'était différent, c'était un rendez-vous différent. "Mais pas comme les rendez-vous qu'on se donne depuis des années. Un vrai rendez-vous." surenchérissais-je, pour que les choses soient claires entre elle et moi, et qu'elle soit sure de bien vouloir s'engager dans cette voie.

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Je ne sais pas pourquoi je lui avais proposé mon aide, je suis certaine qu’il se débrouillerait beaucoup mieux sans moi. Un truc c’est j’avais envie de passer du temps avec lui or si je m’écouterais, je resterais ici jusqu’à la fin de mes jours. Après ses dires, j’hésitais en riant : « T’es si insupportable que ça ? » D’un côté, ça ne me choquait pas tant que ça. C’est vrai qu’il y avait énormément de personnes qui avaient besoin d’être au calme et on ne peut plus concentrées pour se mettre à étudier. A croire que j’étais un extra-terrestre. Toujours calme, souriante et à l’écoute et ce, que je sois en train de bosser ou non. C’est de ça que mon frère avait peur, que je me fasse avoir parce que j’étais beaucoup trop gentille et généreuse, je faisais toujours passer le bonheur des autres avant le mien, avant mes propres besoins. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles on avait tendance à vouloir me protéger de tout et de rien et me materner comme une gamine de trois heures. « Tu me mets un doute là. » Bon bah du coup, j’hésitais à rester. S’il serait sans doute bien mieux sans moi après tout…

Enchainant la conversation sur un potentiel rendez-vous, je me mis à tousser, m’étouffant presque avec mon jus d’orange, quelque peu surprise par cette proposition. Je m’attendais à tout de la part Caden sauf à ce genre de choses. Qui aurait cru qu’il me proposerait un véritable rendez-vous vendredi soir ? Je me posais tout de même des questions sur le fait que ce soit une sortie différente des autres ou non et Caden m’apporta toutes les réponses dont j’avais besoin en une seule et unique réponse. « D’accord. Ouais, je veux bien qu’on est un vrai rendez-vous ! » J’essayais de cacher ma joie mais intérieurement, j’étais comme une gamine de quinze ans excitée à l’idée d’avoir son premier rendez-vous avec l’homme qui la faisait rêvé depuis l’école primaire.

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"Oh non, pas SI insupportable, insupportable suffira!" dis-je en riant. En vérité, la réaction d'Eliana ne m'étonnait pas, en toutes circonstances, elle était adorable, ne disait que très rarement un mot de travers, savait toujours se montrer disponible avec son entourage. Bref, de côté là, elle était parfaite, il aurait fallu être aveugle pour le nier. "A toi de voir, j'essaierai de rester aussi adorable que je l'ai été ces dernières heures" dis-je en riant et si l'on pouvait qualifié mon comportement de la soirée de la veille en ces termes. On pouvait au moins me reconnaitre le petit déjeuner, pour le reste, j'en étais moins sur mais enfin, il ne s'agissait que d'une boutade.
Je la sentais emballée par notre rendez-vous de vendredi soir et ça me fit plaisir. Mieux encore, je savais que cet enthousiasme allait m'aider à supporter la longue semaine qui m'attendait, même si j'allais sans doute ressentir quelque impatience chaque fois que l'idée de cette soirée me passerait par la tête. Si j'étais d'ordinaire plutôt du genre à tout oublier, je savais que ce serait différent cette fois et que cette sortie allait hanter mon esprit durant les longues heures de cours et les longues soirées que je devrais affronter d'ici là. Mais pour l'instant, là n'était pas la question: elle était encore assise en face de moi, et c'était formidable. "Super, j'ai hâte." dis-je en souriant. Et c'était vrai, voilà que je rêvais ce moment alors qu'elle n'avait pas encore quitté mon appartement. "On se met au boulot ou tu rentres chez toi?" lui demandais-je en avalant ma dernière gorgée de café.

get that rhythm right.

Ouais bon ok pour faire court, je n’avais aucune envie de m’en aller, je n’avais aucune envie de quitter Caden et si je le faisais, j’allais traîné à la maison toute la journée, rasant les murs tel un fantôme jusqu’à ce que Niko, Samuel ou encore Isasha me gueule dessus pour que je sorte de mes pensées et que je revienne sur la terre ferme. Deux options s’offrirent donc à moi : rester ici et supporter Caden toute la journée en faisant un devoir d’éco ou subir l’interrogatoire de mes chers frères. Mon choix fut vite fait. « Au pire si t’es pas assez adorable à mes yeux, je prendrais mes jambes à mon coup et je rentrais chez moi en deux-deux. » J’affichais un large sourire, consciente que je serais incapable de le faire parce que lorsque je me lançais dans quelque chose, il fallait que j’y aille jusqu’au bout. Et puis toute façon, j’étais persuadée que Caden n’était pas aussi insupportable que ça lorsqu’il bossait et si c’était le cas, je pouvais toujours lui faire manger son livre d’éco.

Vendredi. Vendredi c’était tout ou rien. Soit ça se passait à merveille et là, c’était le paradis, j’étais sur un petit nuage et ce que j’attendais depuis si longtemps allait envie se réaliser soit, la soirée allait être une catastrophe et ça finirait dix fois pire qu’hier. Non, ça ne pouvait pas être pire qu’hier, j’avais parlé à cœur ouvert sans me préoccuper de ce qu’il allait penser, je m’étais tout simplement libérer alors que je ne l’avais encore jamais fait auparavant. La soirée ne pouvait pas être un véritable cauchemar après tout ce qu’on s’était dit. « J’ai hâte aussi. » Avouais-je à mon tour en souriant. En réalité, j’étais folle de joie et très, très, impatiente d’être vendredi mais, je ne devais pas trop le montrer quand même oh ! Je finis par me lever et tapais sur la table avant de lui répondre plein d’enthousiasme : « Au boulot ! Et je peux t’assurer qu’avec mon aide, t’as un vingt assuré ! »

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» CADEN&CLOVIS&ELIANA † don't worry, be happy.
» CADEN x les uns contre les autres
» comme des enfants x Lullaby & Caden
» Eliana J. Everdeen : 269 1220
» ELIANA † livin' in tha fast lane.

CADEN&ELIANA † get that rhythm right.

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